L’abaissement du taux directeur décidé aujourd’hui par la Banque nationale suisse (BNS) s’avère indispensable, au vu tant de l’appréciation du franc que du renchérissement négatif. Il ne suffira toutefois pas à stopper la hausse du franc. Sans surprise, la BNS est sous pression. Elle le doit notamment à sa politique monétaire des dernières années. La politique monétaire de la Suisse aurait besoin d’une refonte en profondeur.
Le franc s’est à nouveau apprécié ces dernières semaines, au grand dam de l’économie suisse. Dans sa politique de taux d’intérêt, la BNS peut basculer dans le territoire négatif, afin d’assouplir encore un peu plus sa politique monétaire. Sa marge de manœuvre à la baisse est cependant limitée.
À sa conférence de presse d’aujourd’hui, la BNS n’a guère parlé de changement de cours. Il en allait différemment autrefois. La BNS signalait toujours plus ou moins clairement aux acteurs du marché des devises le cours du franc qu’elle visait à maintenir. Une telle communication aurait déjà eu un effet stabilisateur, sans même obliger la BNS à adapter ses taux d’intérêt.
La situation actuelle montre que la politique monétaire suisse doit accroître sa marge de manœuvre. La BNS devrait à nouveau se faire une idée plus précise du cours du franc souhaitable pour l’économie suisse. Et communiquer ce cours au moins de manière indirecte et implicite, comme elle l’avait fait lors de l’envol du franc ayant suivi la crise financière. En outre, la Suisse aurait à nouveau besoin d’un peu plus de renchérissement. Des taux d’intérêt nominaux plus élevés conféreraient à la BNS une plus grande marge de manœuvre dans des situations difficiles, sans l’obliger à instaurer d’emblée des taux négatifs. La définition de la stabilité des prix autorise d’ailleurs une hausse annuelle des prix à la consommation de 2 %.