Impôts équitables : 99 % en profiteront

  • Finances et fiscalité
Articles
Écrit par Paul Rechsteiner

Ces dernières années, la politique fiscale suisse a pris une direction fortement dommageable aux intérêts des salarié(e)s, la majorité de la population, soit : toujours plus d’avantages pour les hauts et très hauts revenus, d’un côté, et, de l’autre, une charge toujours plus lourde pour les bas et moyens revenus. Cela, surtout à cause, par exemple, de la TVA et des primes des caisses-maladie, qui ne sont, de fait, rien d’autre, que des impôts indirects.

L’initiative pour des impôts équitables met le holà à cette regrettable évolution en proposant une idée nouvelle et intelligente. Elle prescrit en effet des taux minimaux d’imposition uniquement pour les revenus les plus élevés et les fortunes les plus grandes. Mais en-dessous de ces limites, les cantons pourront déterminer librement leurs taux. Cette proposition, simple et ne supposant par un surplus de bureaucratie, stoppera d’un seul coup la concurrence problématique à laquelle certains cantons se livrent avec les plus riches. Et les personnes qui touchent des revenus élevés à très élevés devront enfin à nouveau comprendre qu’ils et elles sont des citoyens et citoyennes ordinaires, avec des droits et des devoirs normaux, et non pas des veaux d’or gratifiés de privilèges pharaoniques. La démocratie y gagnera aussi. En effet, dans une démocratie, tout le monde doit contribuer au financement des tâches publiques en fonction de sa capacité économique.

Les opposants à l’initiative - de l’organisation faîtière economiesuisse à divers conseillers et conseillères d’État - essaient aujourd’hui, avec force dépenses, de persuader les gens que l’initiative sera en réalité dommageable à la majorité de la population. On est en droit de se demander pour quels imbéciles ces propagandistes tiennent cette population. Les revenus imposables supérieurs à 250 000 francs (pour les personnes vivant seules ; le revenu effectif est, quant à lui, nettement supérieur à 300 000 francs) et les fortunes imposables de plus de 2 millions de francs sont clairement une minorité. Que cette minorité financièrement très solide doive payer plus, tous les autres en profiteront si les tâches publiques restent identiques. Cela représentera au moins 150 francs par personne, un montant qu’induira à lui seul ce petit pas vers des impôts équitables.

Et si certains conseillers d’État font observer aujourd’hui que la plupart des systèmes fiscaux cantonaux satisfont d’ores et déjà largement à ce que ce demande l’initiative, alors c’est tant mieux. Mais le « oui » à cette initiative est de la plus grande importance précisément pour les centres. Si, à l’avenir, chaque canton de Suisse centrale ou orientale qui pratique actuellement un dumping éhonté dans l’imposition du revenu et de la fortune de cette catégorie de riches doit aussi respecter les principes minimaux fixés par l’initiative, alors la population des cantons corrects sous cet angle en bénéficiera également. Car, qu’une petite couche de privilégiés puisse se mettre financièrement à l’abri en déménageant dans des paradis fiscaux, se soustrayant ainsi au cofinancement des tâches publiques, dont elles continueront, bien sûr, à profiter, a des conséquences négatives pour les 99 % restants de la population. S’il existe un abus auquel il est possible de mettre immédiatement fin, c’est bien celui-là. 

 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
Top