« Et pourquoi pas 30 % de fonds propres »

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Écrit par Peter Lauener

Connaisseur réputé de la régulation des banques, le professeur Martin Hellwig de l’Institut Max Planck de Bonn, prenant la parole dans le débat sur la problématique du « trop grand pour être mis en faillite », ou « too big to fail », se demande : « Et pourquoi pas 30 % de fonds propres obligatoires non pondérés ? » . Cela représenterait 30 centimes de fonds propres par franc inscrit au bilan, alors que, de son côté, le Conseil fédéral ne propose qu’environ 3 centimes…

Martin Hellwig pense ainsi à dix fois plus de fonds propres obligatoires et prévoit même des conditions plus strictes que le gouvernement suisse dans son projet de régulation des grandes banques. La procédure de consultation à ce sujet durera encore jusqu’au 23 mars et il est d’ores et déjà clair que les grandes banques ne prendront pas de gants pour faire pression afin que les exigences en matière de fonds propres soient inférieures. Et le camp bourgeois leur offrira son soutien.

Martin Hellwig estime que la détention de suffisamment de fonds propres est centrale pour éviter à l’avenir de nouvelles crises financières. Il se déclare très sceptique au sujet des modèles de risque, car ils ont offert aux banques des possibilités de manipulations. Il réfute également l’argument couramment opposé, selon lequel les fonds propres seraient chers. Si une banque possède plus de fonds propres, elle gagne en sécurité. Elle doit donc moins payer d’intérêts sur les capitaux étrangers, ce qui lui épargne des coûts.

La menace de délocalisation brandie par l’UBS en cas de régulation plus stricte des banques, laisse Martin Hellwig imperturbable. Il ne peut pas s’imaginer que toute la banque quitte la Suisse. Il y a en effet trop de raisons pour elle de rester sur le site actuel, dont, entre autre, la stabilité politique, la renommée et le savoir-faire à disposition.

Longtemps avant la crise financière qui menaçait toutes les économies il y a trois ans, Martin Hellwig signalait déjà les graves lacunes des régulations des banques, notamment les modèles de risque selon Bâle II. Ces modèles sous-estimaient en effet les risques et ils furent  une incitation pour les banques à « externaliser » les risques de leurs bilans, par exemple dans le secteur peu régulé des assurances, comme ce fut le cas avec AIG.

 

Martin Hellwig a présenté son exposé à l’Université de Berne, le 17 mars 20101, dans le cadre d’une soirée organisée par l’USS. Les transparents de son exposé intitulé « Bankenregulierung nach der Krise : Reichen die Reformen aus ? » (non traduit) peuvent être téléchargés sur le site allemand de l’USS : www.sgb.ch.

 

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

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Daniel Lampart
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