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Appel de l’USS pour le 1er Mai 2019

Si nous, les travailleurs et travailleuses, sommes solidaires et défendons ensemble nos intérêts, nous pouvons obtenir beaucoup. Au sein de l'entreprise par exemple : grâce à une grève, la rédaction de l'Agence télégraphique suisse (ATS) a contraint la direction à annuler le licenciement de tous les rédacteurs et rédactrices de plus de 60 ans.

La solidarité et l'unité, ça paie aussi au niveau de toute une branche : grâce à une mobilisation exemplaire et à des grèves d'avertissement, les travailleurs et travailleuses du bâtiment ont non seulement pu sauver et assurer le maintien de leur retraite à 60 ans, ils ont en même temps arraché de haute lutte une hausse de salaire méritée depuis longtemps.

En politique aussi, nous pouvons, nous, les travailleurs et travailleuses, faire bouger beaucoup de choses si nous nous engageons solidairement pour défendre nos intérêts : ce n'est que parce que les syndicats sont intervenus avec fermeté que le débat sur l'accord-cadre entre la Suisse et l'Union européenne (UE) s'est enfin focalisé sur la préservation de la protection des salaires et des mesures d'accompagnement.

Attaques contre la protection des salaires

Bien sûr, nous savons que la protection des salaires est une épine dans le pied de beaucoup de monde dans les milieux patronaux, économiques et politiques. Aujourd'hui, ces mêmes personnes se placent du côté des arts et métiers du Sud de l'Allemagne et des idéologues de la Commission européenne qui veulent démanteler notre protection des salaires et imposer les règles peu contraignantes de l'UE. Nous, les syndicats, sommes favorables à la libre circulation des personnes : elle constitue une réussite et protège les travailleurs et travailleuses de la discrimination, quelle que soit leur provenance. Mais elle peut le faire uniquement si elle va de pair avec une protection des salaires forte. Nous voulons protéger les salaires, pas les frontières ! Ceci dit, la protection des salaires doit être améliorée : les contrôles montrent en effet un taux d'infraction élevé. Nombre d'entreprises ne versent pas des salaires suisses ou trichent d'une autre manière. Il faut donc clairement PLUS, et non moins, de protection des salaires. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons repousser l'offensive contre notre protection des salaires lancée par le conseiller fédéral Ignazio Cassis, soutenu par de grandes sociétés.

Être solidaires et lutter ensemble a un effet très concret et direct sur les salaires : ces dernières 20 années, nous, les syndicats, sommes parvenus à relever substantiellement les salaires les plus bas. Le fruit de nos campagnes réussies contre les bas salaires et pour un salaire minimum de 4000 francs récolte même les louanges de certains tenants du libéralisme économique lorsqu'ils soulignent qu'en Suisse, les écarts entre les bas et les hauts salaires sont moindres qu'ailleurs.

Mais beaucoup de choses vont encore très mal sur le front des salaires. Alors que les rémunérations des grands managers atteignent à nouveau des hauteurs astronomiques, comme avant l'éclatement de la crise financière, les salaires réels des salarié-e-s ordinaires stagnent depuis deux ans. Souvent, la compensation du renchérissement n'a même pas été versée. Manifestement, les employeurs et employeuses n'ont que trop volontiers oublié et jeté par-dessus bord ce principe de la compensation pendant les années d'inflation zéro. L'heure est clairement venue pour PLUS de salaire.

L'heure de la Grève des femmes est venue

C'est surtout vrai pour les femmes, car leurs salaires sont toujours à la traîne par rapport à ceux des hommes. Bien que l'égalité entre femmes et hommes figure depuis 1981 dans la Constitution et, depuis 1996, dans la loi, la situation laisse à désirer à de nombreux égards, et pas seulement en matière salariale. La majeure partie du travail fait à la maison est fournie par les femmes. Mais ce n'est ni reconnu comme travail, ni valorisé. Conséquence : des salaires de misère et des petites rentes. Des économies sont faites dans l'offre de structures d'accueil des enfants et dans celle des soins. Sur le dos des femmes, qui comblent les lacunes. Et la violence sexuelle et sexiste reste répandue. De toute évidence, il faut PLUS de salaire, plus de temps et du respect. C'est pourquoi l'heure de la Grève des femmes* du 14 juin est venue.

Nous devons aussi être solidaires et nous battre ensemble contre la baisse de notre pouvoir d'achat. Une baisse causée, entre autres, par la hausse continuelle des primes-maladie. Le Conseil fédéral avait promis que ces dernières ne devaient pas dépasser 8 % du budget des ménages. Or aujourd'hui, nous payons souvent bien plus. Les cantons ont économisé et mis un frein aux réductions de primes. Quelques-uns les ont même carrément diminuées. Il est clair qu'il faut, au contraire, PLUS de réductions des primes. Première étape pour y parvenir : la charge que les primes représentent doit baisser à 10 % du budget des ménages, comme le veut l'initiative pour l'allègement des primes soutenue par l'USS.

Le pouvoir d'achat des futurs retraité-e-s est aussi soumis à forte pression : ces dernières années, les nouvelles rentes du 2e pilier n'ont cessé de baisser. Pourtant, à part l'USS et ses alliés, les acteurs politiques ne veulent pas voir la bombe sociale à retardement que représente cette situation. Au lieu de se pencher sur le montant des rentes, ils préfèrent parler démographie et relèvement de l'âge de la retraite pour tout le monde. Il est clairement temps pour PLUS de rente. Pour cela, il faut augmenter les rentes AVS afin que la prochaine génération de retraité-e-s touche elle aussi des rentes décentes.

Mettre le curseur vers une nouvelle direction

Être solidaire, lutter ensemble, il faut aussi le faire face aux attaques contre nos règles fondamentales sur la protection des travailleurs et travailleuses. Devant les journalistes étrangers, l'Union patronale aime se targuer du fait que le droit suisse du travail est extrêmement flexible et libéral. Les mêmes milieux veulent pourtant aujourd'hui s'en prendre à l'obligation d'enregistrer la durée du travail, aux temps de repos et aux durées maximales de travail. Au contraire : il faut clairement PLUS de temps pour vivre, et non moins. Nous, les syndicats, nous combattons énergiquement ces attaques et revendiquons ce qui n'a que trop attendu : cinq semaines de vacances pour tout le monde.

Il faut mettre le curseur vers une nouvelle direction : le moment est venu pour PLUS de salaire, PLUS de rente, PLUS de justice salariale, PLUS d'égalité, PLUS de réduction des primes, PLUS de protection des salaires et PLUS de temps pour soi-même. Bref, nous revendiquons PLUS POUR VIVRE.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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