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Écrit par Ewald Ackermann

La Suisse, un modèle de réussite : fables et réalité

Des leaders des milieux économiques et politiques se servent, ces temps, d’une expression quelque peu pompeuse pour traduire une réalité qu’ils estiment en grave danger aujourd’hui, à savoir « ce modèle de réussite » qu’est la Suisse. Pour Hans Hesse, président de SWISSMEN, l’association de l’industrie des machines, des équipements électriques et des métaux, l’initiative populaire 1:12 détruirait, en cas de victoire dans les urnes, ce « modèle de réussite ». Quant à lui, Heinz Karrier, le président d’economiesuisse, la Fédération des entreprises suisses, voit en cette initiative une attaque de fond toujours contre ce « modèle ». Notre ministre de l’Économie, M. Schneider-Amman, reprend le même couplet et Ruedi Noser, conseiller national radical-libéral et entrepreneur, peut-être déjà en train d’anticiper l’écriture de « son » Histoire, indique que la droite serait à l’origine de ce « modèle de réussite ». Parions que cette expression servira aussi à combattre les initiatives sur les salaires minimums et sur l’imposition des successions…

Mais à quoi font donc allusion nos « maîtres à penser » et autres « historiens » avec cette expression ? Veulent-ils évoquer le fait qu’un cinquième des salarié(e)s de ce pays doit faire face à d’importants problèmes financiers lorsqu’il s’agit de s’acquitter d’une facture de dentiste imprévue de 2 000 francs ? Pensent-ils à ces 335 000 personnes qui gagnent moins de 22 francs de l’heure dans notre pays ? Ont-ils en tête ces 144 000 titulaires d’un certificat fédéral de capacité (apprentissage) qui touchent un bas salaire, inférieur à 4 000 francs par mois, dans une Suisse si chère ? Ou font-ils référence au fait que chez nous, la fortune et les revenus sont répartis de manière toujours plus injuste ?

Que non ! C’est à eux-mêmes qu’ils pensent !

De fait, avec cette « Suisse, modèle de réussite », c’est eux, les tout gros, les capitaines d’industrie et autres grands managers, ceux que l’on trouve année après année dans les listes des meilleurs bilans comptables, ceux qui occupent les étages supérieurs de notre société… et qui croient ainsi faire l’Histoire à eux seuls. Or, ils oublient que les monuments et les grands moments de toute Histoire avec un grand « H » n’ont été ni construits ni créés par eux, mais bien par les travailleurs et travailleuses.

De fait, l’Histoire suisse, ce ne sont pas les riches et leurs bilans qui l’ont faite et la font encore ! Non ! La part la plus glorieuse de cette Histoire est écrite par toutes celles et tous ceux qui, dans un très proche avenir, veilleront notamment à ce que richesses et revenus soient répartis de manière égalitaire. C’est-à-dire les citoyennes et citoyens ordinaires, comme vous et moi.

Responsable à l'USS

Daniel Lampart

Premier secrétaire et économiste en chef

031 377 01 16

daniel.lampart(at)sgb.ch
Daniel Lampart
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