Non à une politique basée sur la peur et le clivage

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Écrit par Aurora García, présidente de la Commission des migrations de l’USS/fq

Non à l’initiative de mise en œuvre –

Ces dernières semaines, l'initiative dite de " mise en œuvre " a été examinée sous toutes ses coutures. Elle a été analysée comme constituant une attaque dirigée contre les Suisses et Suissesses sans passeport suisse qui ont grandi dans notre pays, voire y sont nés. Ces personnes seraient punies de manière disproportionnées uniquement sur la base d'un simple morceau de papier. L'initiative a aussi été décrite comme étant du harcèlement. De fait, le Parlement fédéral a fait son travail et mis en œuvre l'initiative " Pour le renvoi des étrangers criminels ". On a constaté que l'initiative de mise en œuvre représente une nouvelle attaque contre la libre circulation des personnes et des traités internationaux de toute première importance, comme la Convention européenne des droits de l'homme. Et l'on n'a pas non plus oublié de signaler qu'elle criminaliserait davantage certains groupes de la population que d'autres : les délits fiscaux ne seraient pas pris en compte et ceux commis en matière d'assurances sociales pèseraient beaucoup. Même le travail syndical serait plus criminalisé par cette initiative : participer à des actions deviendrait risqué pour nos collègues étrangers parce que, dans le pire des cas, ils pourraient être exclus de Suisse.

Tout cela est clair. L'opposition se fait entendre. Mais cette initiative a quand même une chance de gagner. Pourquoi donc ?

Pourquoi cette opposition est-elle nécessaire en raison de cette initiative aussi antidémocratique et inhumaine ? Parce que l'UDC est parvenue à ce qu'une majorité des citoyen(ne)s suisses accordent du crédit à ses arguments. Le succès de son discours destiné à détourner l'attention a eu pour effet que nombre de personnes en Suisse croient que celle-ci a un problème de migration. Si bien que nous gaspillons toujours plus de temps à discuter du soi-disant problème de sécurité au lieu de nous occuper du fossé toujours plus grand entre riches et pauvres, des coupes dans la formation ou de l'égalité salariale toujours pas réalisée. Nous ne parlons pas non plus d'une vraie culture de l'accueil ou du potentiel offert par les migrant(e)s, mais principalement de prétendus déficits.

À travers son discours, l'UDC réussit à diviser la société suisse. Elle accule toujours plus les migrant(e)s dans des conditions de vie et de travail extrêmement précaires. Avons-nous vraiment intérêt à ce que les gens doivent vivre dans la peur ? À ce que leur vie prenne un tournant radical à cause de petites erreurs ? Le Parlement et les tribunaux doivent-il devenir caducs ? Les principes et les droits fondamentaux inscrits dans la Constitution fédérale ne doivent-ils s'appliquer qu'à quelques-uns seulement, alors que les autres se voient toujours plus privés de leurs droits ? Ou voulons-nous une Suisse qui porte haut les valeurs démocratiques, où les gens peuvent vivre dans la dignité et la sécurité ? Une phrase de la Constitution fédérale me vient sans cesse à l'esprit : " ...et que la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres ".

L'opposition a pris de l'ampleur parce que beaucoup sentent qu'il s'agit d'une votation symbolique importante. Si l'UDC gagne, sa politique basée sur la peur et le clivage s'en trouvera légitimée. L'initiative de mise en œuvre est effectivement une attaque dangereuse contre notre État de droit, et même contre notre démocratie. C'est pourquoi le NON est de toute urgence nécessaire si nous voulons conserver et notre État de droit et notre démocratie.

Responsable à l'USS

Julia Maisenbacher

Secrétaire centrale

031 377 01 12

julia.maisenbacher(at)sgb.ch
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