Ne pas stabiliser la conjoncture, c’est mettre en danger le potentiel de croissance

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Écrit par Isabel Martínez

En Suisse, on pense généralement qu’il est possible de mettre au point des trains de me-sures grâce auxquels il serait pratiquement inutile de stabiliser activement la conjoncture. C’est là aussi ce que fait apparaître le rapport récemment rendu public par le Conseil fédéral sur la situation économique du pays. Les récentes recherches effectuées dans ce domaine montrent cependant que les fluctuations on peut conjoncturelles et les possibilités de croissance d’une économie sont étroitement interdépendantes. Le tout dernier Dossier de l’Union syndicale suisse (USS) présente et commente les résultats de ces recherches.

Les études internationales sur la croissance mettent en lumière des aspects très variés. Il apparaît ainsi que le comportement en matière d’investissement, la diffusion et la conservation de savoir-faire et l’évolution du chômage ne sont que quelques uns des éléments que les fluctuations conjoncturelles influencent négativement sur la durée. Ainsi, en période de crise, les entreprises, confrontées à des problèmes de financement, sont contraintes de réduire, voire de suspendre, de ce fait leurs efforts en matière d’innovation et de développement. Dans une économie ouverte et de taille restreinte comme celle de la Suisse, si les innovations font défaut, la compétitivité des entreprises indigènes en pâtit.

À cela s’ajoute que les récessions détruisent du savoir à cause de l’utilisation insuffisante des capacités de production et du niveau élevé du chômage. Finalement, une hausse du chômage en raison de la conjoncture n’est souvent pas de nature provisoire. De conjoncturel, le problème peut donc devenir structurel et le chômage se stabilise à long terme à un niveau plus élevé. Telle est l’expérience douloureuse vécue par la Suisse après la longue crise des années 90. La recherche dans ce domaine montre aussi que les mesures actives de stabilisation de la conjoncture favorisent le potentiel de croissance d’un pays. Ainsi, politique conjoncturelle et politique de croissance vont nécessairement de pair.

Bien que la science se soit remise en cause…

La recherche en économie a compris que nombre d’hypothèses néolibérales courantes ne résistent pas à un examen empirique si bien que, peu à peu, on pense différemment. Il est désormais clair que l’appel à une politique conjoncturelle active ne repose de ce fait plus uniquement sur la revendication socialiste d’un État social fort et d’une redistribution généreuse des richesses, mais sur des connaissances scientifiquement établies, selon lesquelles une politique financière et monétaire procyclique a, à long terme, des effets négatifs sur les possibilités de croissance d’une économie.

… les politiques n’ont pas suivi

Mais il semble bien qu’en Suisse, on ne le sache pas encore. En effet, malgré le mandat constitutionnel exigeant de la Confédération, des cantons et des communes, ainsi de la Banque nationale, qu’ils agissent comme le demande la conjoncture, la politique financière et monétaire a, par le passé, renforcé les cycles conjoncturels. Dans l’actuelle récession, on risque à nouveau de subir les effets d’une politique conjoncturelle procyclique. Alors que les perturbations sur les marchés financiers devraient renforcer plus que jamais le rôle de la politique financière dans la stabilisation de la conjoncture, la politique financière va - à cause du frein à l’endettement, de l’augmentation de la taxe sur le CO2 et de la TVA, ainsi que des politiques d’austérité menées par les cantons et les communes - avoir une incidence restrictive sur l’économie dès 2010 et amplifier, de ce fait, la récession.

 

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Écrit par Isabel Martínez

En Suisse, on pense généralement qu’il est possible de mettre au point des trains de me-sures grâce auxquels il serait pratiquement inutile de stabiliser activement la conjoncture. C’est là aussi ce que fait apparaître le rapport récemment rendu public par le Conseil fédéral sur la situation économique du pays. Les récentes recherches effectuées dans ce domaine montrent cependant que les fluctuations on peut conjoncturelles et les possibilités de croissance d’une économie sont étroitement interdépendantes. Le tout dernier Dossier de l’Union syndicale suisse (USS) présente et commente les résultats de ces recherches.

Les études internationales sur la croissance mettent en lumière des aspects très variés. Il apparaît ainsi que le comportement en matière d’investissement, la diffusion et la conservation de savoir-faire et l’évolution du chômage ne sont que quelques uns des éléments que les fluctuations conjoncturelles influencent négativement sur la durée. Ainsi, en période de crise, les entreprises, confrontées à des problèmes de financement, sont contraintes de réduire, voire de suspendre, de ce fait leurs efforts en matière d’innovation et de développement. Dans une économie ouverte et de taille restreinte comme celle de la Suisse, si les innovations font défaut, la compétitivité des entreprises indigènes en pâtit.

À cela s’ajoute que les récessions détruisent du savoir à cause de l’utilisation insuffisante des capacités de production et du niveau élevé du chômage. Finalement, une hausse du chômage en raison de la conjoncture n’est souvent pas de nature provisoire. De conjoncturel, le problème peut donc devenir structurel et le chômage se stabilise à long terme à un niveau plus élevé. Telle est l’expérience douloureuse vécue par la Suisse après la longue crise des années 90. La recherche dans ce domaine montre aussi que les mesures actives de stabilisation de la conjoncture favorisent le potentiel de croissance d’un pays. Ainsi, politique conjoncturelle et politique de croissance vont nécessairement de pair.

Bien que la science se soit remise en cause…

La recherche en économie a compris que nombre d’hypothèses néolibérales courantes ne résistent pas à un examen empirique si bien que, peu à peu, on pense différemment. Il est désormais clair que l’appel à une politique conjoncturelle active ne repose de ce fait plus uniquement sur la revendication socialiste d’un État social fort et d’une redistribution généreuse des richesses, mais sur des connaissances scientifiquement établies, selon lesquelles une politique financière et monétaire procyclique a, à long terme, des effets négatifs sur les possibilités de croissance d’une économie.

… les politiques n’ont pas suivi

Mais il semble bien qu’en Suisse, on ne le sache pas encore. En effet, malgré le mandat constitutionnel exigeant de la Confédération, des cantons et des communes, ainsi de la Banque nationale, qu’ils agissent comme le demande la conjoncture, la politique financière et monétaire a, par le passé, renforcé les cycles conjoncturels. Dans l’actuelle récession, on risque à nouveau de subir les effets d’une politique conjoncturelle procyclique. Alors que les perturbations sur les marchés financiers devraient renforcer plus que jamais le rôle de la politique financière dans la stabilisation de la conjoncture, la politique financière va - à cause du frein à l’endettement, de l’augmentation de la taxe sur le CO2 et de la TVA, ainsi que des politiques d’austérité menées par les cantons et les communes - avoir une incidence restrictive sur l’économie dès 2010 et amplifier, de ce fait, la récession.

 


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Ne pas stabiliser la conjoncture, c’est mettre en danger le potentiel de croissance

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Écrit par Isabel Martínez

En Suisse, on pense généralement qu’il est possible de mettre au point des trains de me-sures grâce auxquels il serait pratiquement inutile de stabiliser activement la conjoncture. C’est là aussi ce que fait apparaître le rapport récemment rendu public par le Conseil fédéral sur la situation économique du pays. Les récentes recherches effectuées dans ce domaine montrent cependant que les fluctuations on peut conjoncturelles et les possibilités de croissance d’une économie sont étroitement interdépendantes. Le tout dernier Dossier de l’Union syndicale suisse (USS) présente et commente les résultats de ces recherches.

Les études internationales sur la croissance mettent en lumière des aspects très variés. Il apparaît ainsi que le comportement en matière d’investissement, la diffusion et la conservation de savoir-faire et l’évolution du chômage ne sont que quelques uns des éléments que les fluctuations conjoncturelles influencent négativement sur la durée. Ainsi, en période de crise, les entreprises, confrontées à des problèmes de financement, sont contraintes de réduire, voire de suspendre, de ce fait leurs efforts en matière d’innovation et de développement. Dans une économie ouverte et de taille restreinte comme celle de la Suisse, si les innovations font défaut, la compétitivité des entreprises indigènes en pâtit.

À cela s’ajoute que les récessions détruisent du savoir à cause de l’utilisation insuffisante des capacités de production et du niveau élevé du chômage. Finalement, une hausse du chômage en raison de la conjoncture n’est souvent pas de nature provisoire. De conjoncturel, le problème peut donc devenir structurel et le chômage se stabilise à long terme à un niveau plus élevé. Telle est l’expérience douloureuse vécue par la Suisse après la longue crise des années 90. La recherche dans ce domaine montre aussi que les mesures actives de stabilisation de la conjoncture favorisent le potentiel de croissance d’un pays. Ainsi, politique conjoncturelle et politique de croissance vont nécessairement de pair.

Bien que la science se soit remise en cause…

La recherche en économie a compris que nombre d’hypothèses néolibérales courantes ne résistent pas à un examen empirique si bien que, peu à peu, on pense différemment. Il est désormais clair que l’appel à une politique conjoncturelle active ne repose de ce fait plus uniquement sur la revendication socialiste d’un État social fort et d’une redistribution généreuse des richesses, mais sur des connaissances scientifiquement établies, selon lesquelles une politique financière et monétaire procyclique a, à long terme, des effets négatifs sur les possibilités de croissance d’une économie.

… les politiques n’ont pas suivi

Mais il semble bien qu’en Suisse, on ne le sache pas encore. En effet, malgré le mandat constitutionnel exigeant de la Confédération, des cantons et des communes, ainsi de la Banque nationale, qu’ils agissent comme le demande la conjoncture, la politique financière et monétaire a, par le passé, renforcé les cycles conjoncturels. Dans l’actuelle récession, on risque à nouveau de subir les effets d’une politique conjoncturelle procyclique. Alors que les perturbations sur les marchés financiers devraient renforcer plus que jamais le rôle de la politique financière dans la stabilisation de la conjoncture, la politique financière va - à cause du frein à l’endettement, de l’augmentation de la taxe sur le CO2 et de la TVA, ainsi que des politiques d’austérité menées par les cantons et les communes - avoir une incidence restrictive sur l’économie dès 2010 et amplifier, de ce fait, la récession.

 

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